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chiffrent par millions de francs, une estimation approximative est pour ainsi dire impossible.

En linge, nous fûmes aussi très malheureux, alors que l’on devait pourvoir à notre entretien ; ce n’est qu’après plus de quatre mois de captivité que nous avons commencé à recevoir du linge, et encore, dans quelles conditions : personnellement, je me rappelle que pour un groupe de 200 hommes, nous avons reçu à fin décembre : 104 chemises, 95 caleçons, 50 essuie-mains et 100 paires de chaussettes ; un essuie-mains pour 4 hommes, une chaussette par homme ! ! !

En fait de linge, nombreux furent ceux qui, n’ayant qu’une chemise, devaient, lorsqu’elle était sale, la lessiver (à l’eau froide, sans savon, et la faire sécher le plus rapidement possible, n’en ayant pas d’autre à mettre). Voir ces hommes se promener une chemise étalée sur le dos et un mouchoir de poche ou des chaussettes sur les bras aurait pu être vaudevillesque, mais les privations, les douleurs des circonstances présentes, les rigueurs de l’hiver commençant, rendaient cela tout simplement très lamentable.

Bref, nous fûmes traités en toute circonstance pis que des condamnés criminels ; des parents venus pour voir des prisonniers, après avoir obtenu les passeports nécessaires, se voyaient, en arrivant, privés de cette faveur.

Nous avions pourtant des visites ; celles de tous les habitants de 25 kilomètres à la ronde,