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Page:Lecluselle - Au camp de Soltau, 1919.djvu/43

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le poteau avec fils de fer barbelés où l’on était attaché et suspendu en même temps, pour la moindre peccadille ; dans d’autres endroits, la prison était une citerne hors d’usage, où l’on était enfermé parfois pendant plusieurs jours sans nourriture et quand un malheureux en sortait on lui remettait un billet d’entrée à l’hôpital mentionnant une bonne pleurésie. Comme l’hôpital n’avait ni médicaments, ni lait, ni nourriture convenable, l’homme ne résistait généralement pas et allait rejoindre dans nos cimetières d’autres malheureux dormant leur dernier sommeil ; signalons aussi les prisonniers russes qui ont servi de sujets d’expérience à des médecins boches.

Et les représailles contre nos camarades français, les représailles aux marais d’abord, ensuite au front russe où tant de français sont morts de froid, de faim, des suites des mauvais traitements subis ou empoisonnés par les piqûres des moustiques et mouches charbonneuses ; et les représailles au front français, où on les obligeait à travailler contre leur patrie, où l’on abattait les récalcitrants d’un coup de révolver sans le moindre jugement, où nos malheureux camarades crevaient de faim et de misère car les boches ne leur délivraient ni colis, ni lettres, ni mandats. Pour ces représailles au front français, des sous-officiers prussiens étaient spécialement chargés