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Ce sont des vieillards, des femmes et des enfants emmenés en captivité. Ce sont les prisonniers travaillant à l’assèchement des marais, de l’eau jusqu’au-dessus des genoux, et cela hiver comme été, travail malsain et très pénible ; ce sont les mines de charbon, les mines de fer et surtout les mines de sel d’où l’on ne sortait qu’épuisé physiquement, estropié ou mort ; ce sont les travaux de débardeurs, au port de Wilhemshaven exécutés de préférence par des intellectuels ; c’est le travail dans les fabriques de munitions où tant de belges et de français ont succombé, refusant d’être traître à leur patrie.

Dans ces fabriques de munitions, un prisonnier refusait-il de travailler, il faisait connaissance avec la chambre de chauffe où on le soumettait à une température pouvant aller jusque 60 degrés, dans certaines usines on les plaçait entre deux foyers ouverts ou encore on lâchait une conduite de vapeur dans la pièce où était enfermé notre camarade et on le laissait jusqu’au moment où il acceptait de travailler ou tombait sans connaissance ; à d’autres endroits en hiver, on les enterrait de préférence dans la neige jusqu’à la ceinture pendant un certain nombre d’heures, variant entre 12 et 24. Résultat : une grave maladie emportant souvent dans la tombe notre compagnon d’infortune ; on connaissait également