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mense de leurs vibrations et viennent m’apporter l’espérance, car leur langage me dit :


Dig, ding, dong,
Amis, espérons !
Dig, ding, dong, dig, ding, dong,
Notre dur exil ne sera pas long.


Et je me sens ému jusqu’aux larmes, car depuis cinq mois, je n’avais plus entendu leurs notes gaies, et voilà que je pense au village natal, dans notre riante et plantureuse wallonie, voilà qu’à minuit, dans ma détresse, elles m’apportent l’espérance, et qu’elles font jaillir malgré moi les larmes que j’essaie en vain de contenir : je songe en ce moment à nos beaux pays dévastés et pourtant amoureux de la paix, France et Belgique, je songe aussi à quel réveillon épouvantable assistent en ce moment nos mères, nos femmes et nos enfants, je songe aux gracieuses fillettes bien sages qui ont appris à l’école de beaux compliments qu’hélas elles ne pourront réciter, et je vois nos petits gars qui jouent au petit soldat en souhaitant déjà le jour où ils pourront venger les pères morts en combattant pour la liberté de leurs foyers, les grand’mères, les mamans et les sœurs assassinées ou violées par des envahisseurs brutaux et assoiffés de sang et de sadisme.

1914 ! va-t-en, nous ne te regrettons point, année maudite entre toutes par les mères, les