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fosse, notre compagnon repose aujourd’hui au milieu de ces landes à l’abri d’une grande croix de sapin étendant les bras d’une façon tragique ; tragiques aussi sont les funérailles auxquelles nous assistions. Les mots ne peuvent rendre l’impression qui nous étreint devant ce pauvre petit soldat belge enterré loin de son pays, sans parents, au milieu d’amis, indifférents hier, mais aujourd’hui courbés en deux sous le poids d’une douleur immense.

Au bord du trou béant, un compagnon d’armes, d’une voix émue, au milieu d’un silence religieux, prononce l’adieu suivant :

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Regretté et infortuné frère d’armes, loin de votre patrie aimée, loin de votre famille adorée, vous allez dormir ici de votre dernier sommeil.

Appelé par notre Roi bien-aimé à la défense de nos libertés menacées et de nos foyers injustement attaqués, vous avez, en bon soldat, affronté tous les dangers, méprisé tous les périls pour le triomphe de notre cause. La fortune des armes nous a trahis, alors nous avons connu l’adversité. Avec nous, vous avez parcouru les étapes douloureuses de l’exil jusque dans ce désert de souffrance où la mort implacable est venue vous surprendre à l’aurore de la jeunesse.

Valeureux fils de Belgique, qui n’avez pu recevoir au pays la récompense de votre cou-