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C’était là tout son bien.
De sa fleur printanière,
Lise, contente et fière
Ne désiroit plus rien.

Pour faire voir sa rose
Tout fraîchement éclose
Lise voulut un jour,
Non loin de son village,
Faire un pélérinage
Au Temple de l’Amour.

Sans nulle expérience
Lise arrive et s’avance
Jusqu’au pied de l’autel.
Lise tremblante, émue,
N’ose porter sa vue
Sur le jeune immortel.

Mais l’amour voit la rose
Tout fraîchement éclose
À travers son bandeau.
Sur cette fleur nouvelle
Il jette une étincelle
De son divin flambeau.

La rose est consumée.
Une vaine fumée
Remplace ce trésor…
Depuis cette journée,
Rêveuse et consternée,
Lise gémit encor.

Craignez jeunes bergères
Les ardeurs passagères
De ce dieu porte-bandeau ;
N’approchez pas vos roses
De la surveille écloses
Tout près de son flambeau.