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Au mois de juin 1897, de Gerlache m’ayant adressé une nouvelle demande dans le même but, je soumis la question à la décision de M. Vandenpeereboom, qui était alors ministre de la Guerre.

Le Président du Conseil des Ministres me fit rappeler d’urgence de France, où, après un séjour de trois ans dans la marine de guerre, j’étais attaché à l’Observatoire du Bureau des Longitudes de Montsouris.

À la fin du mois de juin 1897, j’étais en Belgique et, à la même époque, le navire de l’expédition quittait la Norvège et faisait voile vers la Belgique, où il devait terminer son armement.


de Gerlache m’avait fixé rendez-vous au 1er juillet 1897, à Flessingue.

Le 2 juillet, vers 13 heures, la Belgica arrive devant Flessingue et je me rends à bord. J’y trouve de Gerlache, Amundsen et Danco, deux mécaniciens et quatre hommes d’équipage, tous éreintés par une traversée de quatre jours, qui ne s’est pas passée sans encombre et pendant laquelle ils n’ont pu fermer l’œil. Leurs provisions sont épuisées, car ils ne s’attendaient pas à devoir rester si longtemps en route. Malgré cela, chacun semble dans les meilleures dispositions d’esprit. Le navire me fait bonne impression ; sa solidité est manifeste, et je suis charmé de son élégance. L’armement est cependant loin d’être complet, la mâture même doit subir certaines modifications. Il nous sera difficile d’être prêts dans un mois, surtout que nous allons perdre un temps considérable à « battre la grosse caisse » pour recueillir un peu d’argent.


Après un court entretien avec de Gerlache, je suivis mon vieux camarade de promotion, le lieutenant d’artillerie Danco, qui ne se tenait pas de joie à l’idée de me faire visiter le navire. Était-il assez enthousiaste, ce brave ami ! Tout lui semblait admirable ! Il parlait avec une volubilité extraordinaire : rien n’était plus beau, plus pratique que nos logements ! Je ne tardais pas à en juger.

Il me conduisit à une cabine minuscule, primitivement destinée