Aller au contenu

Page:Lecointe - Au pays des manchots, 1904.djvu/30

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le petit cheval de la machine était un vieux rossignol, muni d’un tuyautage mal distribué. Enfin, nous avions une pompe d’alimentation à la main, qui ne servit qu’en Norvège pour les essais à froid.

La chaudière de la Belgica était neuve, mais si malheureusement construite qu’on ne pouvait la visiter que très imparfaitement dans certaines parties et aucunement dans quelques autres. Lorsqu’il s’agissait de la nettoyer, nous devions chercher, dans les ports de relâche, un enfant excessivement mince, qui, moyennant une forte rétribution, consentît à descendre dans les endroits resserrés et à les nettoyer, en s’y recroquevillant dans les positions les plus extraordinaires. Ce travail devait être peu récréatif, car, malgré la bonne aubaine, le gamin ainsi enrôlé désertait à bref délai.

Comme machines auxiliaires, la Belgica possédait un distillateur très pratique, destiné à faire de l’eau douce en mer et qui nous fut des plus utile dans la banquise ; puis, un treuil puissant pour relever les chaluts et aider, éventuellement, aux manœuvres de force ; puis encore une machine pour la bobine d’enroulement du câble de dragage, véritable bijou sorti de l’arsenal de guerre de Copenhague ; enfin, une machine à sonder de Le Blanc.

Je viens, en toute franchise, de critiquer notre machine au point de vue technique ; il est juste aussi que je reconnaisse, et avec une entière satisfaction, que cette machine, si naïvement construite, nous a laissés rarement dans l’embarras. C’est peut-être même à sa grossière simplicité que nous devons la force avec laquelle elle triompha de tous les obstacles.

La Belgica était gréée en trois mâts barque. Sa mâture présentait la particularité des huniers à rouleaux. Ce genre de huniers, qui n’est pas recommandable pour les navires de fort tonnage, était, au contraire, très avantageux pour un navire comme le nôtre : 1o il exige fort peu d’hommes pour la manœuvre ; 2o il permet de prendre très rapidement un ou plusieurs ris ; 3o il ne réclame aucun homme dans la mâture pendant le mauvais temps ; 4o enfin, son fonctionnement est