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pour le cœur l’acquisition des plus belles vertus, afin d’offrir à son petit peuple choisi de la Nouvelle-France un homme complet, un modèle : grand citoyen, grand évêque, grand saint.

À l’âge de neuf ans, il est envoyé au collège royal de la Flèche tenu par les Pères Jésuites, où se donnait rendez-vous l’élite de la noblesse de France. Pendant ses dix années d’études littéraires et philosophiques, il a successivement comme professeurs ou surveillants des hommes qui doivent un jour se dépenser dans les rudes missions du Canada, tels les Pères Pijart, Gabriel Lalemant, Claude d’Ablon, Jacques Buteux, Simon le Moyne et d’autres. Congréganiste de la sainte Vierge, déjà on remarque en lui la profondeur de sa foi et de sa charité, et en mille rencontres la sollicitude divine à enrichir de ses dons surnaturels cette nature faite de franchise, de fermeté et d’élévation.

Sa philosophie terminée, il se rend à Paris au collège de Clermont dirigé lui aussi par les Pères de la Compagnie de Jésus. Mêlé là encore aux fils de hauts personnages de la cour, il suit pendant quatre ans les classes de théologie que donnent des professeurs devenus célèbres, Denis Petau, Philippe Labbe, Jacques Sirmond, etc. Comme à la Flèche, il est fervent congréganiste et non moins remarquable par ses succès dans les études. L’évêque de Bayeux écrira bientôt du jeune étudiant devenu prêtre : « Il est licencié en droit canon de l’Université de Paris, très versé dans les lettres, tant sacrées que profanes. »

Il aspirait au sacerdoce. Une fausse direction venant de haut faillit tout compromettre. Heureusement que la voix de Dieu rétablit bientôt ce qu’une voix d’évêque avait fait dévier. Le jeune de Montmorency-Laval portait un des plus beaux noms de France, les honneurs dans le monde l’attendaient, on touchait au grand règne, on allait entrer dans les splendeurs de la cour de Louis XIV. Mais François avait de plus hautes vues, nourrissait de plus fécondes aspirations : il renonce à tout, cède son droit d’aînesse et ses titres à la seigneurie de Montigny en faveur de son jeune frère, part pour Paris, où il prend sa licence en droit canon, et reçoit l’onction sacerdotale le 23 septembre 1647.