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Page:Lecompte - Monseigneur François de Laval, 1923.djvu/5

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Il y avait alors à Paris une congrégation de la sainte Vierge que dirigeait admirablement le Jésuite Jean Bagot. Composée de jeunes gens, laïques et prêtres, elle fournissait au directeur des équipes pour ses œuvres nombreuses de charité. Quelques-uns d’entre eux voulurent s’unir et habiter ensemble pour éviter nombre de périls, mener une vie plus parfaite. On les appela la Société des bons amis ; elle donnera naissance à la Société des Missions Étrangères. François de Laval en fut naturellement un des membres les plus fervents.

Sur ces entrefaites, arrive le P. Alexandre de Rhodes, premier prédicateur de la foi au Tonkin. Il vient chercher des apôtres pour l’Orient, des prêtres et des évêques : il trouve ses candidats au sacerdoce dans les cinq provinces de la Compagnie en France, et trois évêques dans la Société des bons amis. L’un des trois était l’abbé de Montigny, — comme on appelait alors le jeune de Laval, — ravi d’aller se dévouer chez les peuples « assis dans les ténèbres et à l’ombre de la mort ». Mais l’aimable Providence l’avait préparé pour nous. Le roi du Portugal s’opposa à la nomination de prêtres français aux évêchés du Tonkin, de la Chine et de la Cochinchine. François de Laval, tantôt à Paris avec ses compagnons d’apostolat, tantôt à Caen dans l’Ermitage de M. de Bernières, attendit l’heure de Dieu.

Elle sonna en 1658. Il était question depuis plusieurs mois de donner un évêque à la Nouvelle-France. Proposé par les Jésuites de Paris, agréé avec empressement par le roi Louis XIV, l’abbé de Montigny, comprenant tout ce que les dures missions de l’Amérique septentrionale promettaient à son zèle de travaux, de sacrifices, d’œuvres à organiser, d’âmes à sauver, accepta le fardeau que l’on demandait à Rome de lui imposer.

Les bulles arrivèrent en France aux premiers jours de juillet, et le 8 décembre 1658, le nonce du Pape consacra dans l’église de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés, l’abbé François de Laval, sous le titre d’évêque de Pétrée et de vicaire apostolique de la Nouvelle-France.