Page:Leconte - La Tentation de l’homme, 1903.djvu/103

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Une foule invisible et qu’on entend gronder,
Qu’on nie, et qui pourtant est là, surnaturelle,
A peuplé les gradins ténébreux, et, sur elle,
L’énigme de la nuit semble encor s’attarder.

Et dans le tourbillon hurlant qui s’accélère,
Latente, elle contemple, à ses pieds déferlant,
L’écume du combat qui ruisselle, roulant
La servile sueur aux eaux de sa colère.

Et parfois, de ce monde à face d’éléments
L’indécise mêlée évente le mystère,
Quand, prise d’un frisson qui l’oblige à se taire,
La multitude fait silence, et par moments,

Ecoute, dans l’effroi du jour muet qui tombe
Sur les fronts des martyrs, des dieux et des bourreaux,
Derrière un inconnu fermé de noirs barreaux
Et d’où souffle l’odeur étrange de la tombe,