Page:Leconte - La Tentation de l’homme, 1903.djvu/113

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PEUT-ÊTRE ILS S’EN IRONT…

 
Quand nous aurons levé la pierre de la tombe,
Quand nous saurons quels dieux nous attendent demain,
Quand nos regards pourront suivre, sur son chemin,
La marche sans retour de l’humaine hécatombe…

Quand les frères muets que nous croyons partis,
Qui hantent l’autre face invisible du monde,
Comme le sol des mers au toucher de la sonde,
Sentiront, sur leurs os par la terre engloutis,

S’effarer la lueur des torches haletantes…
Alors peut-être, et comme effrayés de nous voir,
Ils se redresseront, immense peuple noir,
Et, — telle une tribu dans l’aube abat ses tentes,