Page:Leconte - La Tentation de l’homme, 1903.djvu/191

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Te redira, sous ses lampadaires de fête,
Et l’angoisse du monde et les chants du prophète,
Par les gueules du bronze et les bouches du fer,

Où les foules, battant sous la houle des astres,
Encombrant l’arcature aux terribles pilastres
Des pourpres équateurs et des septentrions,
De leurs millions de voix acclamant ta venue,
Jetteront, dans l’accent de quelque hymne inconnue,
Vers l’arche de flamme où dort ta majesté nue,
Ce que, depuis les jours, seuls vers toi nous crions ?

Ne surgiras-tu pas comme une destinée,
Belle ainsi qu’une mère aux bras blancs, inclinée
Sur la détresse humaine à tes pieds vagissant,
Et ta pitié clémente enfin cèdera-t-elle
Au seul désir divin par qui soit immortelle,
Sous l’armure de chair où notre cœur pantèle,
La rouge argile vive où naît la fleur du sang ?