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Page:Leconte - La Tentation de l’homme, 1903.djvu/210

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Dans l’enceinte du rêve où s’ouvre ta paupière,
Il est des seuils secrets dont nul ne sait la pierre,
        Et que jamais nous ne heurtons.

Des univers, aux sens interdits, et qu’éclairent
Des étoiles que tes yeux ne contemplent pas,
Ralentissent leur cours fatal ou l’accélèrent
Selon le rythme ardent qui balance leurs pas.
Où la torche a brûlé, les ténèbres plus grandes
S’élargissent de leur inconnu révélé ;
Si purs que soient tes vœux et si haut que tu tendes,
Au Temple dont nos doigts ont compté les guirlandes,
        Le saint des saints reste voilé.

Tu n’aspireras plus à ces lointaines cimes
D’où nous te revenons sans avoir rien trouvé,
Tu ne lanceras plus, sur la mer des abîmes,
Ces vaisseaux que l’éclair, par nos bras entravé,
Guide sur un rayon de flamme au promontoire
Où la création semble enfin se lasser,