Page:Leconte - La Tentation de l’homme, 1903.djvu/58

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Je suis à qui me sert et je n’ai pas d’élus :
Mais le fier révolté, dont le hautain génie,
Sur les bûchers du verbe ou de l’acte, me nie,
Est un esclave enfui que je ne connais plus.

Ma limite est en moi : nul vouloir ne dépasse
L’inexorable borne où mon règne unit :
Et quiconque s’exile est de mes yeux banni
Et devient l’égaré vacillant de l’espace.

De quelque glaive ardent que son bras soit armé,
Si grand que soit celui qui brise mon étreinte,
Il n’élargit jamais ma redoutable enceinte,
Car le cercle rompu sur lui s’est refermé.

Mais j’appartiens à qui marchera dans mes voies,
À qui peut affronter, sans trembler dans sa chair,
Le rayonnement de mes prunelles de fer…
Et, sous la forme en qui je veux que tu me voies,