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Page:Leconte - La Tentation de l’homme, 1903.djvu/59

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J’incline vers ton front pâli, mais indompté,
Où la foudre en tombant a mis de la lumière,
La sévère splendeur de ma beauté plénière,
Et, seule dans ma force et dans ma vérité,

Épouse aux bras sacrés, j’apporte pour douaire
Au chaste conquérant dont j’ai guidé les pas,
Qui m’attendait dans l’ombre et ne me craindra pas,
La royauté du Monde aux plis de mon suaire.

Si les routes du ciel ont brisé ton essor,
Si les rouges éclats de la foudre lancée
Du chariot de feu qui portait ta pensée
Ont fracassé l’ardent essieu d’ébène et d’or,

Si ta chute a rayé la nuée écarlate
D’un triple rayon d’ombre et de flamme et de sang,
Si tes coursiers, cabrés dans leur vol impuissant,
Ont mesuré, d’un œil que la terreur dilate,