Page:Leconte - La Tentation de l’homme, 1903.djvu/89

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Et, parmi les ressauts des terres éboulées,
Hagard et cramponné du poing et de l’orteil
Au hasard effrayant des roches ébranlées,
J’admire, d’un regard ivre encor de soleil,

La chute frissonnante, à peine ralentie
Par le vent glacial soufflant de l’inconnu,
De la poussière de mon songe, anéantie
Dans l’engloutissement du précipice nu.

Mes ongles en vain crient sur la muraille lisse,
Mes nerfs vibrent, tendus en sursauts forcenés ;
Je ne veux pas tomber ; je veux, sans que faiblisse
Le furieux effort des muscles obstinés,

Embrasser d’une étreinte aux nœuds inextricables
Les bords déchiquetés du funeste entonnoir,
Et lier de mes doigts, bandés comme des câbles,
Ma chair vive au rocher étincelant et noir,