Page:Leconte - La Tentation de l’homme, 1903.djvu/88

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Car elles sont si loin de moi, les pâles lampes,
Toujours plus pâles, et dans l’espace tournant,
Que, m’arcboutant des reins au vertige des rampes,
Je les vois comme des points d’or, et, maintenant,

Leur lueur, qui défaille au fond du puits accore,
Un instant se ranime et palpite et s’éteint,
En un scintillement funèbre où brille encore
L’éphémère rayon sous nos cils incertain.

Ma conscience alors s’étonne d’être seule
Et chétive, dans le formidable réseau
D’un ouragan qui l’aspire, comme la gueule
Épouvantable d’un antre boit un ruisseau.

Et mon rêve, enlacé dans une trombe d’ombre,
Se disperse de marche en marche, ainsi que font
Des feuilles d’arbre au vent du crépuscule sombre,
Dans la vrille sans fin des ténèbres sans fond.