Car le tumulte armé des Strophes vengeresses,
Menant le divin chœur de tes blondes prêtresses,
Planait sur la cime des flots ;
Et l’Ode aux seins altiers, aux cheveux de lumière,
Bondissait, l’aile ouverte, en la clameur guerrière,
Avec le vol des javelots.
Et lorsque tu parus, brandissant l’arc rapide,
Autour du Conquérant, comme un troupeau stupide,
Tombèrent ses fiers défenseurs,
Qui, rudes contempteurs de ton plectre héroïque,
Méprisaient, ignorants de la fureur lyrique,
La majesté des vierges Sœurs,
Ils tombaient, et, jonchant de morts les vagues claires,
Se demandaient en vain quel Dieu de nos galères
Guidait l’inévitable essor,
Car ils n’entendaient pas, ces fils du sol barbare,
Vibrante en l’aquilon des lances, la Cithare
Chanter avec sept cordes d’or.
Mais, ô Toi qui la sais souveraine et vivante,
Hellas ! écoute-la frémir, et, d’épouvante
Emplissant les vents inspirés,
Jeter en purs accords au ciel de la victoire,
Âme de la Patrie et voix de notre Histoire,
L’Harmonie aux nombres sacrés.
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