Page:Leconte de Lisle - Œuvres, Poèmes antiques.djvu/141

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
131
KLYTIE.


Parlez-moi de Klytie, ô vallée, ô colline !
Fontaine trop heureuse, aux reflets azurés,
N’as-tu pas sur tes bords, où le roseau s’incline,
De Klytie en chantant baisé les pieds sacrés ?

Des monts Siciliens c’est la blanche Immortelle !
Compagnons d’Érycine, ô cortège enchanté,
Désirs aux ailes d’or, emportez-moi vers elle :
Elle a surpris mon cœur par sa jeune beauté.

Korinthe et l’Ionie et la divine Athènes
Sculpteraient son image en un marbre éternel ;
La trirème sacrée inclinant ses antennes
L’eût nommée Aphrodite et l’eût placée au ciel.

Klytie a d’hyacinthe orné ses tempes roses,
Et sa robe est nouée à son genou charmant ;
Elle effleura en courant l’herbe molle et les roses ;
Et le cruel Éros se rit de mon tourment !

Ô Nymphes des forêts, ô filles de Kybèle,
Quel Dieu vous poursuivra désormais de ses vœux ?
Ô Déesses ! pleurez : plus que vous êtes est belle !
Sur son col, à flots d’or, coulent ses blonds cheveux.

Ses lèvres ont l’éclat des jeunes aubépines
Où chantent les oiseaux dans la rosée en pleurs ;
Ses beaux yeux sont tout pleins de ces clartés divines
Que l’urne du matin verse aux buissons en fleurs.