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KHIRÔN.

Comme l’aigle, habitant d’Athos aux pics déserts,
Il vole, hérissé d’écailles, dans les airs !
Il rampe, il se redresse, il bondit dans la plaine
Mieux qu’un jeune étalon à la puissante haleine ;
Et dans la sombre nuit, comme aux clartés du ciel,
Il darde incessamment un regard éternel.
Va donc, cher compagnon, harmonieux Orphée ;
Présente à ses regards cet immortel trophée ;
Va ! Qu’il cède à nos vœux et qu’il règne sur nous
Ses disciples anciens embrassent ses genoux :
Aux luttes des héros il forma leur jeunesse,
Et leur âge viril implore sa sagesse. —

Vieillard ! tels m’ont parlé ces pasteurs des humains
Nourris de ton esprit, élevés par tes mains :
Le puissant Hèraklès, fils de Zeus et d’Alkmène,
Qui déploie en tous lieux sa force surhumaine,
Et qui naquit dans Thèbe, alors que le soleil
Cacha durant trois jours son éclat sans pareil ;
Tiphys, le nautonier, qui de ses mains habiles
Conduit les noires nefs sur les ondes mobiles ;
Kastôr le Tyndaride et dompteur de coursiers ;
Et Celui qu’Eurotas, en ses roses lauriers,
Vit naître avec Hélène au berceau renommée,
Sous les baisers du Dieu dont Léda fut aimée ;
Le léger Méléagre, appui de Kalydon ;
Boutès à qui Pallas d’un glaive d’or fit don ;
Pélée et Télamôn, Amphiôn de Pallène,
Et le bel Eurotos cher au Dieu de Kyllène ;