Page:Leconte de Lisle - Œuvres, Poèmes antiques.djvu/234

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
224
POÈMES ANTIQUES.

Le sein ému, le front à demi soulevé,
Inquiète, elle attend celui qu’elle a rêvé.
Et le vent monotone endort les noirs feuillages ;
La Mer en gémissant berce les coquillages ;
La montagne muette, au loin, de toutes parts,
Des coteaux aux vallons, brille de feux épars ;
Et la source elle-même, au travers de la mousse,
S’agite et fuit avec une chanson plus douce.

Mais le jeune Immortel, le céleste Inconnu,
L’Amant mystérieux et cher n’est pas venu !
Il faut partir, hélas ! et regagner la plaine.
Thestylis sur son front pose l’amphore pleine,
S’éloigne, hésite encore, et sent couler ses pleurs ;
De la joue et du col s’effacent les couleurs ;
Son corps charmant, Éros, frissonne de tes fièvres !
Mais bientôt, l’oeil brillant, un fier sourire aux lèvres,
Elle songe tout bas, reprenant son chemin :
— Je l’aime et je suis belle ! Il m’entendra demain ! —