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LE ROMANCE DE DON FADRIQUE.


Une tête sanglante aux dents, d’un bond nerveux,
Un chien saute parmi les mets royaux qu’il souille,
En y laissant tomber la hideuse dépouille
Où s’entr’ouvre un œil terne à travers les cheveux.

Dona Maria tremble, et, blanche comme cire,
Se renverse au dossier de son riche escabeau,
Voile de ses deux mains son visage si beau,
Et soupire : — Ah ! l’horreur ! C’est le Démon, cher Sire !

— Vrai Dieu ! Tout, dit le Roi, vient à point de concert.
Foin de mahom, du Diable et de la Sinagogue !
C’est la tête de don Fadrique, et c’est son dogue,
Maria, qui vous l’offre, en guise de dessert !