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Page:Leconte de Lisle - Œuvres, Poèmes tragiques.djvu/189

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LES ÉRINNYES.

EURYBATÈS.

Pour une femme, ô Dieux, que de sang et de larmes !


TALTHYBIOS.

Seuls, ici, vieux, sans force et tremblants, nous restons
Près des foyers éteints, ployés sur nos bâtons ;
Mais nos enfants sont morts dans leur vigueur première !


EURYBATÈS.

Comme des spectres nous errons à la lumière.


TALTHYBIOS.

Il ne reviendra plus, l’Atréide divin !
Quelles libations d’eau salée ou de vin,
Quelles cuisses de bœufs, lourdes de double graisse,
Apaiseront jamais l’Érinnys vengeresse
Qui hante, nuit et jour, cette antique maison,
Cet antre de la haine et de la trahison,
Exécrable témoin des vieux crimes des hommes ?


EURYBATÈS.

Silence ! Taisons-nous, impuissants que nous sommes !
La femme qui commande avec un cœur de fer
N’attend plus le héros qu’a pris la sombre mer,
Ou que le Priamide a dompté de sa lance.
Pour nous, ayons un bœuf sur la langue. Silence !


TALTHYBIOS.

Et le jeune héritier de ce palais ancien !