Qui dira si, jamais, les Dieux mêmes ont su
De quelle haine immense, encore inassouvie,
Je haïssais cet homme, opprobre de ma vie !
Trois fois je l’ai frappé comme un bœuf mugissant,
Et trois fois le flot tiède et rapide du sang
A jailli sur ma robe, ineffable rosée !
Et plus douce à mon cœur qu’à la terre épuisée
Ta fraîche pluie, ô Zeus, après un jour d’été !
J’admire ton audace, et reste épouvanté.
Je l’atteste, louez ou blâmez, que m’importe !
J’ai frappé sûrement, vieillards ! la bête est morte.
Ô femme, quel poison du noir Hadès venu,
Quel fruit maudit poussé hors d’un sol âpre et nu,
Ont corrodé ta bouche et ton sang ? Quelle rage
A soufflé dans ton cœur ce monstrueux courage
D’égorger ton époux de ces mains que voilà ?
Et qu’as-tu fait aux Dieux pour avoir fait cela ?
Mes mains ont accompli l’action que j’ai dite.
Elle est bonne ! et je m’en glorifie.