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POÈMES TRAGIQUES.

II

Les Précédentes, ÉLEKTRA.


ÉLEKTRA.

Femmes de la maison, douces à ma jeunesse,
Conseillez mon cher cœur amèrement troublé.
Sur ce tertre où mes pleurs ont tant de fois coulé,
Où gît sans gloire, hélas ! celui que je révère,
Que faut-il que je dise à son Ombre sévère ?
Que l’Épouse m’envoie à l’Époux ? Ah ! grands Dieux !
Ou faut-il que, muette et détournant les yeux,
Ayant versé trois fois la libation due,
De ce funèbre lieu je m’enfuie éperdue ?
Ne m’abandonnez pas en cet ennui mortel.


KALLIRHOÈ.

Approche du tombeau comme d’un saint autel,
Et prie, en répandant la coupe funéraire,
L’ombre auguste du Chef pour Orestès, ton frère.


ISMÈNA.

Élektra ! que mon cœur chérit pour ta bonté,
Vers celui que la haine et la ruse ont dompté
Hausse tes blanches mains de vierge, et le supplie,