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POÈMES TRAGIQUES.

Il avance en parlant, puis, brusquement, bondit,
Et plonge un long couteau dans la gorge du Maître !
Je crie. Un serviteur accourt, pour disparaître
En hurlant… Et tandis que l’homme furieux
Redouble, je m’enfuis, les deux mains sur les yeux !
Pourquoi donc ai-je fui ? Pourquoi me suis-je tue ?

Elle retourne vers le portique en criant.

Hommes, gardes, à moi ! Qu’on saisisse, qu’on tue
L’Étranger ! Oh ! malheur ! Au meurtre ! au meurtre ! holà !
Tuez le vagabond tout sanglant !

Orestès sort du portique, le couteau à la main.



IX

KLYTAIMNESTRA, ORESTÈS.


ORESTÈS.

Tuez le vagabond tout sanglant ! Reste là !
Pas un cri, pas un souffle ! Ah ! ah ! je te tiens, femme !
L’heure est venue : il faut que je te parle.


KLYTAIMNESTRA.

L’heure est venue : il faut que je te parle. Infâme
Vagabond, que veux-tu ? Je ne te connais point.