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LES ÉRINNYES.

ORESTÈS.

Lâche ! que t’ai-je fait ? Ne serre pas le poing :
Serre les dents plutôt, femme ! Ouvre toutes grandes
Tes oreilles. Je vais te dire. Tu demandes
Qui je suis ! Tu ne sais, et tu ne pressens rien,
Et ton cœur est toujours de fer, toujours ? C’est bien.
Je suis ton fils !


KLYTAIMNESTRA.

Je suis ton fils ! Mon fils est mort, tais-toi ! Tu railles
Affreusement.


ORESTÈS.

Affreusement. Tu m’as porté dans tes entrailles.
Tel que les Dieux et toi l’avez fait, tel qu’il est,
Reconnais ton enfant. C’est moi. J’ai bu ton lait,
J’ai dormi sur ton sein, et je t’ai dit : « Ma mère ! »
Ô souvenirs, ô jours de ma joie éphémère !
Et toi, tu souriais, m’appelant par mon nom !


KLYTAIMNESTRA.

Dirais-tu vrai, grands Dieux !


ORESTÈS.

Dirais-tu vrai, grands Dieux ! N’approche pas, sinon
Je te tuerai, sans plus parler ni plus attendre.
Écoute ton fils, mère irréprochable et tendre !
Sans respect pour le sang des héros dont je sors,