Page:Leconte de Lisle - Œuvres, Poèmes tragiques.djvu/37

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
23
LE SUAIRE DE MOHHAMED.


Pâle et grave, percé de coups, haché d’entailles,
Le Hadjeb immortel, comme il était écrit,
Pour monter au Djennet qui rayonne et fleurit,
Rend aux Anges d’Allah son héroïque esprit
Ceint des palmes et des éclairs de cent batailles.

L’âme est partie avec la pourpre du soleil.
Sous la peau d’un lion fauve à noire crinière,
Dans le coffre de cèdre où croissait la poussière
Recueillie en vingt ans sur l’armure guerrière,
Mohhâmed-al-Mançour dort son dernier sommeil.

Nos temps sont clos, voici les jours expiatoires !
Ô race d’Ommyah, ton trône est chancelant
Et la plaie incurable est ouverte à ton flanc,
Puisque l’Homme invincible est couché tout sanglant
            Dans la cendre de ses victoires !