Nourrice des grands morts et des vivants célèbres,
Vénérable aux siècles jaloux,
Est-ce toi qui gémis ainsi dans les ténèbres
Et la face sur les genoux ?
Vois ! La horde au poil fauve assiège tes murailles !
Vil troupeau de sang altéré,
De la sainte patrie ils mangent les entrailles,
Ils bavent sur le sol sacré !
Tous les loups d’outre-Rhin ont mêlé leurs espèces :
Vandale, Germain et Teuton,
Ils sont tous là, hurlant de leurs gueules épaisses
Sous la lanière et le bâton.
Ils brûlent la forêt, rasent la citadelle,
Changent les villes en charnier ;
Et l’essaim des corbeaux retourne à tire d’aile,
Pour être venu le dernier.
Ô Paris, qu’attends-tu ? La famine ou la honte ?
Furieuse et cheveux épars,
Sous l’aiguillon du sang qui dans ton cœur remonte
Va ! Bondis hors de tes remparts !