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Page:Leconte de Lisle - Contes en prose, 1910.djvu/126

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sacatove

Les quelques lignes qui suivent n’ont aucun rapport, quant au fond, avec l’histoire touchante des deux Mauriciens. La scène se passe cette fois à Bourbon et l’époque n’est plus la même. Cependant le voisinage des deux îles, que trente-cinq lieues séparent à peine, amènera entre le poème de Bernardin et ce récit de la mort romanesque d’un noir célèbre par son adresse, son courage et son originalité, quelques analogies nécessaires de description — sauf les différences du sol, différences souvent essentielles, comme on en peut juger.

L’île Bourbon est plus grande et plus élevée que l’île Maurice. Ses cimes extrêmes sont de dix-sept à dix-huit cents toises au-dessus du niveau de la mer ; et les hauteurs environnantes sont encore couvertes de forêts vierges où le pied de l’homme a bien rarement pénétré. L’île est comme un cône immense dont la base est entourée de villes et d’établissements plus ou moins considérables. On en compte à peu près quatorze, tous baptisés de noms de saints et de saintes, selon la pieuse coutume des premiers colons. Quelques autres parties de la côte et de la montagne portent aussi certaines dénominations étranges aux oreilles européennes, mais qu’elles aiment à la folie : l’Étang Saléles Trois Bassins, — le Boucan Canot, — l’Ilette aux Martins, — la Ravine à malheur, — le Bassin bleu, — la plaine des Cafres, etc. Il est