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Page:Leconte de Lisle - Contes en prose, 1910.djvu/134

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sacatove

réseau de lianes et d’arbres, la ravine de Bernica, gonflée par les pluies, roulait sourdement à travers son lit de roches éparses. Deux parois perpendiculaires, de 4 à 500 pieds, s’élevaient des deux côtés de la ravine. Ces parois, tapissées en quelques parties de petits arbustes grimpants et d’herbes sauvages, étaient généralement nues et laissaient le soleil chauffer outre mesure la pierre déjà calcinée par les anciennes laves dont l’île a gardé l’ineffaçable empreinte. Si le lecteur veut s’arrêter un moment sur la rive gauche de la ravine, il apercevra au milieu de la rare végétation dont je viens de parler une ouverture d’une médiocre grandeur, à peu près à la moitié du rempart. Avec un peu plus d’attention, ses regards découvriront une grosse liane noueuse qui descend le long du rocher jusqu’à cette ouverture, que ses racines solides ont fixée plus haut dans les crevasses de la pierre autour du tronc des arbres.

Il y avait là une grande caverne divisée en deux parties naturelles, dont la première était beaucoup plus vaste que la seconde, et à demi éclairée par quelques fentes de la voûte. L’ouverture était à peine franchie que la courbe du roc s’élançait à une hauteur triple de la largeur de cet asile, alors inconnu, des noirs marrons. Trois d’entre eux étaient assis dans un coin, et fumaient silencieusement.

Au hasard, pêle-mêle, accrochés ou roulant à terre, des