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Page:Leconte de Lisle - Contes en prose, 1910.djvu/150

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dianora

point trahi ; j’ai loyalement pris les devants, et si Dianora me préfère à toi, je n’y puis rien.

— Tu mens, tu mens ! C’est moi qu’elle aime ; elle me l’a dit.

— Tu ne répéteras pas cela, calomniateur !

Et les épées se croisèrent. La nuit tombait, et les rares habitants qui passaient sur la place, loin de songer à mettre fin au combat, fuyaient au plus vite ; de sorte que les deux gentilshommes purent en découdre à leur guise. Ils étaient également braves et expérimentés dans les armes et combattirent longtemps sans autre dommage que quelques égratignures aux mains et aux bras ; mais il arriva que Puccinelli glissa sur un pavé humide, ce qui donna l’avantage à Bonaccorso. Celui-ci leva le bras pour en finir, et bien lui en eût pris, s’il avait eu le don de lire dans le temps futur. Un bon sentiment arrêta son bras, et il dit à Puccinelli en reculant de quelques pas :

— Relève-toi, Pierre. À vrai dire, j’ai peut-être des torts à ton égard. J’aurais dû t’apprendre où en étaient mes affaires d’amour ; mais, que veux-tu, la passion m’a emporté.

Puccinelli s’était relevé prestement, et, sans répondre un seul mot, il porta une si furieuse botte à Bonaccorso, que celui-ci l’ayant parée à grand’peine, n’écouta plus que sa colère, et rendit coup pour coup. Bientôt Puccinelli fut atteint