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Page:Leconte de Lisle - Contes en prose, 1910.djvu/184

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marcie

couches du feuillage. L’abondante et vigoureuse végétation de la forêt s’épandait autour d’eux et sur leur tête avec la profusion magnifique de sa virginité. Une innombrable quantité d’oiseaux voletaient et chantaient dans les feuilles, et la brise de terre qui descendait des cimes de l’île balançait comme des cassolettes de parfums les riches fleurs des lianes enroulées autour des branches et des troncs.

— Voyez, mon cousin, dit Marcie avec admiration comme notre pays est beau ! N’est-ce pas un paradis ? Vous pouvez dormir sur l’herbe sans craindre les serpents et les animaux féroces de l’Inde ; elle ne nous a donné que ses oiseaux, qui sont les plus richement vêtus du monde. Ah ! c’est ici qu’il faut vivre et mourir, sous l’œil de Dieu, entre ceux qu’on aime, en face de la nature éternelle !

— Le chevalier pense que tout ici est bien un peu sauvage, y compris les jeunes filles enthousiastes, dit M. de Villefranche en riant. N’est-ce pas, de Gaucourt ? Les grandes dames de Versailles aimeraient-elles à s’aventurer dans les bois pour le seul plaisir de respirer un air plus pur et d’admirer ces vieux arbres qui enchantent Marcie ?

— Ces dames n’aiment guère que le demi-jour de leurs boudoirs, mon oncle ; et je doute que l’amour de la nature ait jamais avancé de cinq minutes le moment de leur lever. Pour moi, je pense comme Marcie : voici une noble forêt et un ciel