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Page:Leconte de Lisle - Contes en prose, 1910.djvu/183

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marcie


II



Marcie était heureuse de la nouvelle affection survenue dans sa vie.

Le sentiment qu’elle éprouvait pour son jeune parent la pénétrait d’une sorte de quiétude religieuse fort différente sans doute d’une émotion violente, mais qui, en s’évanouissant, n’en eût pas moins laissé un vide mortel dans son cœur. M. de Gaucourt était jeune, aimable, et pris en grande affection par le marquis. C’en était assez pour que Marcie, comme toutes les âmes vierges et passionnées, vit en lui l’idéal qu’elle s’était créé, et qu’il était si loin de réaliser. La perspective de vivre et de mourir à Bourbon ne plaisait que fort médiocrement au chevalier, et son intention bien arrêtée, aussitôt son mariage, était d’engager vivement son oncle et sa femme à partir pour la France. Le chemin que suivait la petite cavalcade conduisait au sommet des défrichements, à l’entrée de la forêt. C’était la promenade préférée de Marcie quand elle était accompagnéedu marquis. Ils eurent bientôt atteint la limite cultivée de l’habitation, et entrèrent sous l’épaisse voûte des arbres, à travers laquelle la clarté du soleil filtrait en mille rayons multipliés, mais espacés par les impénétrables