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la princesse yaso'da

de Brahma pour dérober les védas qui coulaient de ses lèvres, et Brahma, s’étant réveillé à temps, l’avait condamné à subir les épreuves que la bonté d’âme du pieux roi avaient abrégées.

Mal en prit au roi Satyavrata d’avoir délivré Hyayagriva !

Qu’elles sont belles et rafraîchissantes au matin les vallées du Lasti-D’jumbo !

Que les tueurs rapides du jour qui naît illuminent splendidement les nuées bleuâtres qui dorment au sommet des montagnes Jougando, Mienmo et Zetchiavala, dont la terre est entourée !

Les génies Nats volent et se jouent sur les cimes neigeuses du Jougando. — Le Mienmo est la demeure des génies Tavatezinas. — Le Zetchiavala recèle dans ses gorges noires les génies Tamas. — Que l’arome des vallées est doux !

Il monte comme un nuage d’encens jusqu’aux pointes des montagnes. — Que les montagnes sont grandes !

Elles baignent leurs pieds larges dans les eaux profondes de la rivière Critamala. — Que la rivière Critamala est limpide ! — Les lataniers aux verts parasols croissent sur ses bords.

La fille bien-aimée du saint roi Satyavrata, Yaso’da, la rose du Lasti-D’jumbo, la perle du monde, se plaisait à jouer, matin et soir, dans les vallées natales, avec ses jeunes compagnes. Yaso’da était vierge.