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Page:Leconte de Lisle - Contes en prose, 1910.djvu/240

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la princesse yaso'da

jeunes fiancés qui applaudissaient à la victoire du beau génie.

D’un revers de son aile dernière il les précipita dans les abîmes du Jougando.

Atouli-Jama descendit sur lui comme l’éclair de Jiva.

Les neiges s’entr’ouvrirent et le Nat Hyayagriva fut enseveli pour mille années.

Puis le beau génie vola à la recherche de la belle Yaso’da et du jeune guerrier. Ils roulaient encore dans le vide, les bras enlacés, quand il les atteignit et les transporta dans la vallée du Lasti-D’jumho.

Mais la vierge royale était morte. — Le démon Nat l’avait tuée d’un coup d’aile.

Tamaya, le jeune guerrier, devint comme la neige, pâle et froid. Il dit : — Je veux mourir comme la perle du monde, ma chère Yaso’da. — Et il mourut.

Le pieux roi Satyavrata arriva sur un éléphant blanc. Il vit la rose du Lasti-D’jumbo flétrie, et il poussa un soupir et rentra dans le sein de Brahma.

Mais Atouli-Jama, le beau génie, dit en déployant ses belles et fortes ailes dans le ciel :

— Un jour ils seront heureux. — Rien ne meurt, car Brahma contient tout et Brahma est vivant. — Les destinées sont noires. Elles seront brillantes. — L’amour environne les sept mondes, demeures de toutes choses.