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Page:Leconte de Lisle - Contes en prose, 1910.djvu/58

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le songe d’hermann


HERMANN.

Il y a une profonde amertume dans tes paroles, Siegel ; une amertume que je n’avais jamais soupçonnée. D’où vient cela ? ainsi tu étais malheureux, et tu ne m’en disais rien ! Mais ici, frère, par cette soirée calme et pure, seul avec un homme qui t’aime, ne te sens-tu pas pénétré d’un bonheur mélancolique ? Écoute, comme tous les bruits du jour décroissent dans un ensemble parfait. On dirait que tout chante avant le sommeil.

LE VENT DANS LES FEUILLES.

L’ombre efface, peu à peu, les contours du fleuve, et voile le ciel comme un rideau. Beaux arbres que tout le jour j’ai agités de mon haleine, chers oiseaux que j’ai bercés sur les branches mobiles, fleurs charmantes dont j’ai porté le doux parfum sur la montagne et dans la plaine, adieu. Voici le soir : le hameau se cache dans un pli du vallon ; l’horizon sommeille déjà, toute la nature se recueille, je vais dormir.

L’OISEAU SUR LE BORD DU NID.

Les rayons du couchant pâlissent, le vent murmure à