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Page:Leconte de Lisle - Contes en prose, 1910.djvu/70

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le songe d’hermann


LES SONGES D’ALICE.

Nous ne chantons rien que tu ne chantes ; nous ne savons rien que tu ne saches ; nous sommes flottants et incertains comme ton désir.

L’OMBRE DE LA NUIT.

Mon enfant, fais silence ; écoute la voix qui s’élève dans mon sein.

LE SONGE D’HERMANN.

Jeune fille aux cheveux blonds, c’est moi qui te parle. Le sommeil est une vie plus subtile et plus mystérieuse que celle des hommes éveillés. Je dors, mais ma pensée s’unit à la tienne et te contemple dans ta beauté réelle. Écoute, écoute ! Je suis Hermann, l’étudiant, et tu es Alice, la vierge charmante. Étant enfants, nous nous aimions ; ne t’en souvient-il plus ? Oh ! que de fois nous avons confondu nos sourires et nos baisers, nos larmes de joie ou de tristesse passagère ! Alice, ne te souvient-il plus d’Hermann ? Il y a bien des jours de cela ! la petite fille est devenue femme ; l’enfant joyeux est devenu grand et triste. Ô Alice, n’as-tu rien oublié ? Réponds-moi, réponds-moi !