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L’APOLLONIDE.

SCÈNE II


IÔN,seul.
STROPHE.

Ô laurier, qui verdis dans les Jardins célestes
Que l’Aube ambroisienne arrose de ses pleurs !
Laurier, désir illustre, oubli des jours funestes,
Qui d’un songe immortel sais charmer nos douleurs !
Permets que, par mes mains pieuses, ô bel Arbre,
Ton feuillage mystique effleure le parvis,
Afin que la blancheur vénérable du marbre
          Éblouisse les yeux ravis !

Il suspend le rameau de laurier au-dessus des bandelettes et va puiser de l’eau dans une des roches creuses, avec la coupe d’or.



ANTISTROPHE.

Ô sources, qui jamais ne serez épuisées,
Qui fluez et chantez harmonieusement
Dans les mousses, parmi les lys lourds de rosées,
À la pente du mont solitaire et charmant !
Eaux vives ! sur le seuil et les marches Pythiques
Épanchez le trésor de vos urnes d’azur,
Et puisse aussi le flot de mes jours fatidiques
          Couler comme vous, chaste et pur !

Il fait une libation sur les marches du Temple.