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PREMIÈRE PARTIE.

Après les jeux, mon fils, viennent les temps sévères,
Et le fruit d’or mûrit après la floraison.


LE CHŒUR DES GUERRIERS.
STROPHE.

Prince, le sceptre au poing, les tempes couronnées,
          Tu jugeras les têtes inclinées,
Ou, debout sur le char aux lourds moyeux d’airain,
Menant le tourbillon de la foule guerrière,
          Tu pousseras à travers la poussière
Le belliqueux quadrige impatient du frein.


IÔN.

Je n’ai jamais versé, fidèle aux saintes règles,
Que le sang des corbeaux voraces et des aigles,
Et l’épée et la lance et les coups furieux
Offenseraient ces mains que je tendais aux Dieux.


XOUTHOS.

Viens ! Tu seras un jour, Enfant, ce que nous sommes.
Sous le casque et l’armure et le lourd bouclier,
Tu verseras aussi le noble sang des hommes,
Et sur ton jeune front croîtra le vert laurier.


IÔN.

Il germe ici plus beau, verdoyant dans l’aurore !
Aussi doux qu’une lyre il chante au vent sonore,
Et la Muse divine, avec ses belles mains,
Ne le pose jamais sur des fronts inhumains.