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DEUXIÈME PARTIE.

IÔN.

          Savais-tu la coupe empoisonnée ?
Etait-ce bien à moi qu’elle était destinée ?


LE VIEILLARD.

Jeune homme, tu l’as dit.


IÔN.

                                         Pourquoi ? Que t’ai-je fait ?
Mais quelque autre, sans doute, a, pour ce vil forfait,
Armé tes vieilles mains lâchement homicides ?


LE VIEILLARD.

Non ! J’ai voulu venger les vaillants Érékhthides
Sur le fils du tyran Xouthos. Aucun n’a su
Ma haine et mon dessein. Moi seul ai tout conçu.
Un Dieu t’a préservé de la mort. Soit ! Je livre
Au fer le peu de jours qui me restaient à vivre.
Prenez-les, frappez-moi de vos bras résolus,
Hâtez-vous. J’ai tout dit et ne répondrai plus.


PREMIER JUGE.

Divin fils de Xouthos et Citoyens Pythiques,
Qu’il soit donc fait selon les Coutumes antiques.

Au vieillard.

Esclave ! ton aveu dicte ton châtiment.
Les pieds, les poings liés, tu mourras lentement