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L’APOLLONIDE.


SCÈNE V


IÔN, KRÉOUSA.


IÔN.
STROPHE.

Humble corbeille où j’ai connu la vie amère,
                Où j’ai versé mes premiers pleurs,
Ouvrage de ses mains, témoin de ses douleurs,
                Sais-tu le doux nom de ma mère ?
Je n’ose dénouer tes fragiles liens.
                Ce nom, tu l’as gardé peut-être ?
Je brûle de l’entendre, et tremble de connaître
                Le cher secret que tu contiens.

Il dénoue les bandelettes, ouvre la corbeille et en tire des langes d’enfant. Kréousa se lève à demi et le regarde.


KRÉOUSA, à part.
ANTISTROPHE.

Vous que j’avais filés de mes mains, ô doux langes
                Du bien-aimé que j’ai conçu,
Gorgô, de son image, ornait votre tissu,
                Et ses cheveux formaient vos franges.