Page:Leconte de Lisle - Derniers Poèmes, 1895.djvu/82

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Dans l’immense Prairie, océan sans rivages,
Houles d’herbes qui vont et n’ont pas d’horizons,
Cent rouges cavaliers, sur les mustangs sauvages,
Pourchassent le torrent farouche des bisons.

La plume d’aigle au crâne, et de la face au torse
Striés de vermillon, arc au poing et carquois
Pendu le long des reins par un lien d’écorce,
Ils percent en hurlant les bêtes aux abois.

Sous les traits barbelés qui leur mordent les côtes,
Les taureaux chevelus courent en mugissant,
Et l’aveugle trouée, entre les herbes hautes,
Se mouille de leur bave et des jets de leur sang.