Page:Leconte de Lisle - Derniers Poèmes, 1895.djvu/91

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Derrière le rideau des pics silencieux,
Vers l’Orient baigné d’une brume de perle,
Émerge, en épanchant sa blancheur qui déferle,
La lune éblouissante, épanouie aux cieux ;

Tandis que, d’un seul bond, hors de l’antique abîme,
Comme un bloc lumineux et suspendu dans l’air,
La Montagne immobile élargit sur la mer
Le reflet colossal de sa masse sublime.

Ô paix inexprimable ! Ô nuit ! Sommeil divin !
Mondes qui palpitiez sur les houles dorées !
Celui qui savoura vos ivresses sacrées
Y replonge à jamais en ses rêves sans fin.