Page:Leconte de Lisle - Eschyle (Lemerre, 1872).djvu/193

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Klytaimnestra.

Il est glorieux aux vainqueurs de se laisser vaincre.

Agamemnôn.

Ainsi, tu tiens beaucoup à cette victoire ?

Klytaimnestra.

Consens ! Cède-moi volontiers cette victoire.

Agamemnôn.

Alors, si cela te plaît, qu’on détache promptement ces sandales, esclaves accoutumées du pied, afin qu’aucun Dieu ne me regarde de loin, avec un œil d’envie, marchant sur cette pourpre. J’aurais grandement honte, en vérité, de souiller, en les foulant aux pieds, ces richesses et ces tissus qui ont coûté tant d’argent. Mais, c’est assez. Reçois avec bienveillance cette Étrangère dans les demeures. Un Dieu regarde favorablement d’en haut qui commande avec douceur, car personne ne se soumet volontiers au joug de la servitude. Celle-ci, qui m’a suivi, est la fleur choisie parmi d’innombrables richesses, un don de l’armée. Enfin, puisque j’ai changé de dessein, et pour te complaire en ceci, j’entre dans la demeure en marchant sur la pourpre.

Klytaimnestra.

Il y a la mer, et qui la tarirait ? qui nourrit abondamment la pourpre, aussi précieuse que l’argent, très-