Page:Leconte de Lisle - Eschyle (Lemerre, 1872).djvu/216

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sachiez : louez ou blâmez-moi, peu importe. Celui-ci est Agamemnôn, mon mari. Il est mort, et c’est ma main qui l’a justement frappé. C’est un travail bien fait. La chose est dite.

Le Chœur des Vieillards.
Strophe I.

Ô femme ! quel fruit maudit de la terre as-tu mangé ? Quel poison sorti de la mer as-tu bu, pour amasser ainsi sur toi, avec ce crime horrible, les exécrations du peuple ? Tu as renversé, tu as égorgé. En horreur aux citoyens, tu seras chassée d’ici !

Klytaimnestra.

Maintenant, tu veux que je sois chassée de la Ville, bannie, chargée de la haine des citoyens et des exécrations du peuple, et tu ne reproches rien à cet homme, lui qui a sacrifié sa fille sans plus de souci d’elle que d’une des brebis qui abondaient dans les pâturages, elle, la très-chère enfant que j’avais mise au monde, et afin d’apaiser les vents Thrèkiens ! N’est-ce pas lui qu’il eût fallu chasser d’ici en expiation de cette impiété ? Mais, sachant ce que j’ai fait, tu m’es un juge inexorable. Certes, je te le dis, tu peux menacer, je suis prête. Celui qui aura la victoire commandera. Si un dieu a résolu ta défaite, du moins la sagesse t’aura été enseignée.

Le Chœur des Vieillards.
Antistrophe I.

Tu parles, pleine d’audace et d’orgueil, et ton esprit