Page:Leconte de Lisle - Eschyle (Lemerre, 1872).djvu/217

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furieux est ivre du sang du meurtre ! Cette tache de sang sur ta face est non vengée ; et il te faut, abandonnée des tiens, expier la mort par la mort.

Klytaimnestra.

Écoute ce serment sacré : Par la juste vengeance de ma fille, par Atè, par Érinnys, à qui j’ai offert le sang de cet homme, je ne crains pas d’entrer jamais dans la maison de la terreur, aussi longtemps qu’Aigisthos, qui m’aime, allumera le feu de mon foyer, comme il l’a fait déjà avant ce jour. En effet, il est le large bouclier qui abrite mon audace. Le voilà gisant celui qui m’a outragée, les délices des Khrysèis qui ont vécu devant Ilios ! Et la voici, la Captive, la divinatrice fatidique, qui partageait son lit, venue avec lui sur les nefs. Ils n’ont point été frappés injustement, et, quant à lui, tu sais comment. Pour elle, pareille au cygne, elle a chanté son chant de mort. Elle gît, la bien-aimée ! Et les voluptés de mon lit en sont accrues !

Le Chœur des Vieillards.
Strophe II.

Hélas ! puisse la destinée, sans de trop grandes douleurs, sans que nous languissions sur un lit, nous donner promptement le sommeil éternel et sans fin, puisqu’il est mort celui qui nous protégeait et nous aimait, lui qui, après avoir tant souffert pour la cause d’une femme, a perdu la vie par le crime d’une femme !