Page:Leconte de Lisle - Eschyle (Lemerre, 1872).djvu/224

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de la nef ? Tu sauras bientôt ce qu’il faut savoir, bien que vieux, et qu’il soit difficile d’apprendre à ton âge. Mais les chaînes et les angoisses de la faim sont, pour la vieillesse aussi, de bons maîtres et d’excellents médecins. Vois-tu maintenant ? Ouvres-tu les yeux ? Ne te révolte pas contre l’aiguillon, de peur d’en gémir.

Le Chœur des Vieillards.

Femme ! c’est donc toi, gardienne des demeures, qui, ayant souillé le lit de ton mari, as médité le meurtre du chef de l’armée, à son retour de la guerre !

Aigisthos.

Certes, ces paroles feront que tu pleureras ! Ton langage est tout différent de celui d’Orpheus. En effet, il attirait toutes choses par le charme qui venait de sa voix, et toi, tu repousses par tes doux hurlements. Une fois sous le joug, tu seras plus traitable.

Le Chœur des Vieillards.

Comment serais-tu maître des Argiens, toi qui, ayant médité le meurtre de cet homme, n’as pas osé le tuer de ta propre main ?

Aigisthos.

Il est clair que c’était à une femme de l’envelopper de ruses. Moi, son ennemi depuis longtemps, j’étais suspect. Maintenant, à l’aide de ses richesses, je tenterai de commander aux Argiens. Celui qui n’obéira pas, je le dompterai rudement comme un jeune étalon furieux