Page:Leconte de Lisle - Eschyle (Lemerre, 1872).djvu/353

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les lois des Perses. Contraintes par la nécessité, elles ne payeront plus les tributs de la servitude, et elles n’obéiront plus en se prosternant. La puissance Royale est morte !

Antistrophe III.

La langue des hommes ne sera plus enchaînée. Le peuple est affranchi, et il peut parler librement, puisque le joug de la force est brisé !

L’île d’Aias, entourée des flots et souillée de sang, a englouti la puissance des Perses !




ATOSSA.

Amis, quiconque a souffert n’ignore pas ceci : Quand le flot de l’adversité s’est rué sur les hommes, ils ont coutume de s’épouvanter de tout ; quand ils ont une heureuse fortune, ils sont certains que ce vent propice soufflera toujours. Voici que tout m’épouvante ; mes yeux ne voient que la haine des Dieux, et le bruit qui emplit mes oreilles n’est pas un chant de victoire, tant le trouble que me causent ces maux agite mon esprit. C’est pourquoi je reviens de mes demeures sans mon char et sans éclat, apportant ces douces libations au père de mon fils : le lait blanc d’une vache sans tache, le miel brillant de l’abeille qui suce les fleurs, les eaux vives d’une source limpide, et cet enfant pur d’une mère agreste, délices de la vigne antique, et la jaune olive, doux